Super Bowl LII – Flashback : quand l’aigle se transforme en chien …

La blessure de Carson Wentz a été le tournant de la saison des Eagles.

Le dimanche 4 février, les Philadelphia Eagles disputeront le troisième Super Bowl de leur histoire. Pour réussir pareille performance, les hommes de Doug Pederson ont pu compter sur une attaque de haute volée et une défense décisive dans les moments clés. Un exercice aux nombreux temps forts. Puis au coup de massue soudain. Pour une nouvelle rédemption dans la foulée. Retour sur une saison 2017-18 riche en émotions pour les fans de Pennsylvanie.

Le bon virage

Les espoirs étaient de mise pour les coéquipiers de Carson Wentz, à l’orée de cette saison. Forts d’un bon démarrage en 2016, pour l’année rookie de leur quarterback, les Eagles avaient fini par craquer dans des fins de matches épiques. Les premières semaines de saison régulière placent d’ailleurs Philly devant une adversité certaine. Sur les cinq premiers matches, quatre ne se joueront qu’à un touchdown d’écart. Pour cinq succès des pensionnaires d’NFC Est.

Certes, Kansas City fait plier genou aux volatiles dès la deuxième rencontre (27-20), mais Philadelphie prend vite ses aises loin de son nid. Les Redskins (17-30), les Chargers (24-26) et les Panthers (23-28) s’en rendent rapidement compte, à leurs dépens. Symbole de cette insolente efficacité : le quarterback Carson Wentz, qui s’affiche comme un candidat crédible au titre de MVP et qui atteint les 2 000 yards et près de 20 touchdowns à la mi-saison. Arizona (34-7), San Francisco (33-10) et Denver (51-23) sont notamment victimes du numéro 11. Pour briller, « CW » peut compter sur l’intégration réussi de son receveur numéro 1, Alshon Jeffery, la progression significative de son tight end Zach Ertz et sa ligne offensive solide sur le pass pro. Comme si cela ne suffisait pas, le backfield offensif enregistre le renfort de Jay Ajayi, transfuge des Miami Dolphins, pour épauler LeGarrette Blount.

La tuile

Lors de sa bye week, Philadelphie compte un bilan de huit victoires, pour une défaite. L’attaque a joué un grand rôle dans cette première partie de saison, mais que dire que la défense de Jim Schwartz, capable de provoquer un turnover à n’importe quel instant ? L’escouade doit pourtant rapidement composer sans Ronald Darby, blessé à la cheville dès son premier match et perd même son linebacker Jordan Hicks pour la saison, après une douleur aux tendons d’Achille. Des passages par la case infirmerie qui vont malheureusement devenir légion pour la bande de Doug Pederson.

Le même soir que Hicks, le tackle gauche Jason Peters termine sa saison prématurément pour une déchirure des ligaments croisés. Chris Maragos, special-teamer d’impact avait vu son genou céder une semaine plus tôt. Mais pour rendre la saison des Eagles encore plus dramatique, il faut un scénario hollywoodien. C’est d’ailleurs à Los Angeles qu’intervient l’un des tournants de la saison.

Une semaine après le deuxième revers de l’année, à Seattle, Philly se déplace chez les Rams, dans un choc de la conférence NFC. Longtemps au coude à coude, les Pennsylvaniens profitent d’une course de Carson Wentz dans l’en-but pour batailler. Une action inutile (rappelée pour un flag) et qui coûtera cher au quarterback, condamné à suivre la fin de la saison sur la touche pour un genou fragile. Ironie du sort, grâce à un gros travail de la défense, Philadelphie s’impose à L.A. (35-43) et décroche son ticket pour les playoffs NFC. Une première depuis 2013.

Dr. Foles and Mr. Dynamite

Pour le suppléer, au pied levé, Nick Foles prend les commandes, pour des prestations qui ne laissent guère place à l’optimisme. Ses deux premières sorties comme titulaires sont des plus poussives, et coincident avec des victoires étriquées de Philly. Contre Oakland, le numéro 9 est même tout près de coûter le succès aux siens, sur une interception malheureuse dans le money-time. Mais la défense lui sauve systématiquement la mise.

Son rendement du mois de décembre sème forcément le doute dans l’esprit des observateurs. Les Philadelphia Eagles sont d’ailleurs considérés comme outsiders de leur premier match de playoffs, contre Atlanta. Les hommes en vert n’en ont cure. Porté par un run stop intraitable, et un jeu au sol capable de briller sur certaines séries, Philadelphie domine Atlanta à l’usure, avec un Nick Foles montant progressivement en puissance. Les Falcons manquent d’inscrire un touchdown à l’ultime seconde, mais ce sont bien les locaux qui s’imposent au forceps, sur leurs terres du Lincoln Financial Field (15-10).

Capables de déjouer les pronostics, Lane Johnson et ses partenaires se plaisent à moquer les bookmakers, avec un masque de chien. Les « underdogs », ceux qu’on annonce comme les victimes expiatoires, seront bel et bien du rendez-vous, en finale de conférence NFC.

La troisième sera la bonne ?

Sur la route des Eagles, vers la troisième finale de leur histoire : les Minnesota Vikings. Eux aussi annoncés comme favoris. Comme contre Atlanta, la montée en puissance va être douloureuse, avec un 38-7 infligé aux joueurs de Mike Zimmer pour rallier Minneapolis et le Super Bowl. Solide la semaine précédente, Nick Foles est cette fois déchaîné et fait taire toutes les critiques sur sa capacité à briller en phase finale. Le sosie du personnage Napoleon Dynamite découpe l’une des défenses les plus redoutées du pays, avec un bilan de 352 yards, 3 touchdowns et aucune interception. Suffisant pour refaire croire Philly à un premier trophée Lombardi.

Entre balades et coups durs, démonstrations et rédemption, les Philadelphia Eagles se sont enfin trouvés une identité sous l’égide de Doug Pederson. Talentueuse sur le terrain, l’équipe s’est aussi forgé un mental d’acier pour remettre la main sur la division NFC Est et la conférence nationale. Certes, la ville de Rocky Balboa va disputer une  ultime reprise sans son meilleur cogneur. De là à la mettre au tapis ? Ce n’est pas dit. Bienvenue à « Phila-défi » !

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